Le mystère est sans doute résolu : une installation hongroise de production d'isotopes médicaux serait à l'origine des rejets atmosphériques d'iode radioactif détectés ces derniers jours, à l'état de traces, dans plusieurs pays d'Europe centrale ainsi qu'en Allemagne et en France.
L'Institut hongrois de recherche sur les isotopes a annoncé, jeudi 17 novembre,avoir enregistré, dans son laboratoire de Budapest, une augmentation de ses émissions d'iode 131. Selon le directeur de cet institut, ces rejets n'expliqueraient pas – ou du moins pas en totalité – la contamination observée jusqu'en France. Mais, d'après l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui n'a pas encore communiqué officiellement cette information, le laboratoire de Budapest serait bien l'origine principale de la contamination, qui ne présenterait pas de danger sur le plan sanitaire.
L'ACTIVITÉ DU LABORATOIRE A ÉTÉ INTERROMPUE
Ce laboratoire avait déjà constaté une hausse de ses émissions d'iode 131 au cours du premier semestre 2011. Bien que les niveaux soient restés inférieurs, selon les dirigeants, au seuil toléré par les autorités sanitaires, la production d'isotopes avait été suspendue de juin à août, pour permettre une amélioration du système de filtrage. La production a repris en septembre, mais les émissions d'iode radioactif ne sont pas redescendues à leur niveau antérieur. L'activité du laboratoire serait à nouveau interrompue.
Le 11 novembre, l'AIEA avait indiqué avoir été informée, par les autorités de contrôle de la République tchèque, de la présence dans l'air ambiant de "très faibles niveaux d'iode 131". Des traces de particules radioactives, présentes dans l'atmosphère sous forme d'aérosols, ont également été décelées en Pologne, en Slovaquie, en Autriche et en Allemagne. En France, les niveaux mesurés par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) étaient de quelques microbecquerels par mètre cube d'air. Des concentrations beaucoup trop faibles pour présenter un risque sanitaire.
Différentes hypothèses avaient été émises pour expliquer cette faible pollution à l'iode 131, dont celle de rejets accidentels provenant d'un réacteur nucléaire, industriel ou de recherche. Si la source de l'iode radioactif semble désormais identifiée, l'incapacité des autorités nationales et internationales à la localiserrapidement reste préoccupante.
Pierre Le Hir