PARIS (Reuters) - PSA Peugeot Citroën s'est engagé à ne pas mettre en oeuvre de plan social en France et à reclasser les salariés les plus exposés par les suppressions d'emploi confirmées cette semaine, a annoncé jeudi Nicolas Sarkozy.
Evoquant la situation du constructeur automobile, le chef de l'Etat a souligné que son dernier "plan de compétitivité", qui prévoit la suppression de 5.000 emplois en France, dont 2.000 dans la recherche et développement, suscitait "une grande émotion dans notre pays".
"Je me suis entretenu hier soir et ce matin avec Philippe Varin (président du directoire de PSA-NDLR) et je peux vous annoncer qu'il n'y aura pas de plan social en France chez PSA", a-t-il dit lors d'un discours prononcé pour le 3e anniversaire du Fonds stratégique d'investissement (FSI).
"En particulier, les 2.000 salariés du groupe les plus directement concernés par ce projet seront tous reclassés, soit à l'intérieur du groupe, soit à l'extérieur du groupe, notamment chez des prestataires", a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy, qui devait recevoir Philippe Varin jeudi après-midi, a encore indiqué qu'il était "hors de question que PSA réduise ses dépenses de recherche en France", où les industriels bénéficient du système fiscal "le plus favorable au monde" pour cette activité avec le crédit impôt recherche (CIR).
PSA a annoncé le mois dernier 6.000 suppressions de postes en Europe en 2012 pour réduire ses coûts. Selon les syndicats, 5.000 disparaîtront en France et 2.000 environ en recherche et développement, notamment parmi les prestataires extérieurs.
"CHOSES GRAVES"
Le groupe a consacré l'an dernier 2,1 milliards d'euros à la recherche et développement, soit 5% de son chiffre d'affaires, ces dépenses étant réalisées pour 85% en France.
Nicolas Sarkozy a dit comprendre que, dans le contexte de crise actuel, concilier compétitivité et emploi était une "gageure" pour les industriels
Pour autant, il a rappelé que son gouvernement était déjà venu en aide à l'industrie automobile avec la suppression de la taxe professionnelle, qui coûtait 250 euros par véhicule produit en France, et avec le CIR.
A six mois de la présidentielle, il a mis en garde les nombreux chefs d'entreprise présents à l'Elysée pour son discours, en les pressant de ne pas "considérer que les emplois, c'est une variable d'ajustement et que vos salariés ne font pas patrie du potentiel de l'entreprise".
"Ce jour-là ce sera une déconnexion totale entre la France, vos clients, et nos entreprises. Prenons garde à ça, de ne pas faire des choix qui ne soient pas caricaturaux, il y a aura beaucoup à perdre", a-t-il dit.
"Les Français sont très attentifs à ce que nous faisons les uns et les autres. Et l'image d'une marque peut être durablement impliquée dans des erreurs qui ne sont pas des erreurs de communication, qui sont des choses graves".
Yann Le Guernigou, avec Gilles Guillaume, édité par Patrick Vignal