Edith Bouvier, journaliste «impliquée» et «pleine de talents»
Capture d'écran YouTube de la journaliste Edith Bouvier, du «Figaro», sur un lit d'hôpital dans la ville syrienne de Homs. (Photo AFP)
Plusieurs collaborateurs, actuels ou passés, de la journaliste grièvement blessée à Homs louent son professionnalisme et rappellent qu'elle a couvert plusieurs conflits par le passé.
La journaliste française Edith Bouvier, 31 ans, blessée mercredi à Homs (centre de la Syrie) qu'elle ne peut quitter pour être opérée, est décrite comme un infatigable témoin des points chauds de la planète, d'une grande pugnacité.
«Elle va là où il faut aller et parfois au-delà sans être une tête-brûlée», dit Philippe Gélie, redacteur en chef au service étranger duFigaro pour lequel travaille la jeune femme en Syrie.
«C'est une journaliste freelance et il est rare que nous en embauchions dans ce cas de figure. C'est l'exception. Elle est pleine de talents et a travaillé pour nous à plusieurs reprises, d'abord en Somalie. Elle travaille très bien et dans des endroits rares, rapportant des infos que les autres n'ont pas...», poursuit Philippe Gélie.
«Très impliquée, ce qui est une qualité qui peut parfois mettre en danger... Un regard intelligent et informé, de valeur, avec le recul qu'il faut, fiable», ajoute-t-il.
Cheveux bruns, expression douce dans le regard et dans les traits, la jeune femme a adressé un message retransmis dans une vidéo des insurgés mise en ligne jeudi sur Youtube.
Allongée sur un lit, avec à ses côtés le photographe français William Daniels (indemne), elle paraît plutôt sereine, bien qu'ayant été grièvement blessée à la jambe dans l'attaque qui a tué son confrère et compatriote Rémi Ochlik ainsi que leur consoeur américaine Marie Colvin. Elle dit son besoin d'aide d'urgence et demande «au plus vite» un cessez-le-feu et une voiture médicalisée pour être évacuée au Liban.
«Militante»
Mounia Daoudi, du Pôle Economie de Radio France International (RFI), qui la connaît bien, la décrit comme «une militante» et quelqu'un de «très attachant», «à l'écoute des autres».
Edith Bouvier, dont la famille est originaire du Sud-Ouest, et qui a fait ses études à Toulouse, a travaillé en 2007 et 2008 pour RFI, média pour lequel elle continue de faire des piges ponctuelles. RFI a refusé d'envoyer des journalistes en Syrie : «trop dangereux», rappelle son service de presse.
«Après ses premières expériences à RFI», raconte Mounia Daoudi, «elle a voulu voir ailleurs, c'est son tempérament. Elle a voulu aller au Kurdistan. Comme elle était pigiste, elle ne pouvait pas payer le billet d'avion. Elle a tapé aux portes des compagnies aériennes qui desservaient le pays pour négocier un billet d'avion qu'elle a obtenu !»
«Elle est passionnée par le monde arabe en général. Dès le début des révolutions arabes, elle était sur le pont, elle a pris un sac et s'est rendue directement à Orly pour prendre le premier avion pour Tunis. Elle a été très touchée par la mort du photographe Lucas Mebrouk Dolega avec qui elle était en Tunisie», ajoute-t-elle.
Francine Quentin, de RFI aussi, évoque «une jeune journaliste pleine de vie, très sociable, très expansive, presque hyperactive». Elle ajoute :«Cette hyperactivité a parfois pu déplaire».
«Elle ne tenait pas en place !», confirme Olivier Four, autre collègue de RFI. «Elle a une sacrée expérience de reporter : elle a déjà couvert la Syrie, le Kurdistan, l'Irak, la Somalie, la Tunisie récemment. A titre personnel, elle a aussi séjourné en Iran et dans les anciennes républiques soviétiques. Elle ne sépare pas toujours son travail et sa vie privée. Quand elle rentre de mission, elle ne parle que de ça, pour elle c'est vraiment un mode de vie», ajoute-t-il.
Contactés, les parents de la journaliste, très inquiets, ont dit être«dans l'attente» et compter sur le «courage» de leur fille.