"On a fait des choix économiques car on n'avait pas les moyens de reprendre 450 salariés, je le déplore", a déclaré Alain Prost.
Alain Prost, le repreneur du fabricant de lingerie Lejaby, a expliqué vendredi 20 janvier dans un entretien à l'AFP n'avoir d'autre "choix" que de fermer sa dernière usine de l'Hexagone, tout en insistant sur le développement à Lyon d'une ligne "très haut de gamme" et "100% made in France".
"On a fait des choix économiques car on n'avait pas les moyens de reprendre 450 salariés, je le déplore", a déclaré Alain Prost pour justifier la fermeture de l'atelier d'assemblable d'Yssingeaux (Haute-Loire), dernière usine de la marque en France, employant 93 salariés.
Il répondait aux attaques vendredi du député PS Arnaud Montebourg, venu au chevet des ouvrières à Yssingeaux, et dénonçant les "patrons voyous" qui "reprennent des entreprises pour obtenir des marques et disparaissent pour aller produire ailleurs".
"Ces dernières années, plus de 93% des volumes de Lejaby étaient déjà produits à l'étranger, en Tunisie mais aussi en Chine", a rappelé l'ex-PDG de l'Italien La Perla et ancien directeur commercial de Chantelle. En effet, près de 83% sont produits en Tunisie et 10% en Asie.
"Il y avait au début 12 repreneurs et à la fin on n'était plus que deux", a rappelé M. Prost, dont le projet permettant de garder 195 des 450 salariés en France a été choisi par le tribunal de commerce de Lyon.
"Je comprends la colère des ouvrières, le désarroi dans l'entreprise à Yssingeaux" mais aussi "à Lyon", a-t-il poursuivi, alors que le siège de Lejaby est dans l'agglomération lyonnaise, à Rillieux.
Il assure avoir "mis près d'un million d'euros à disposition du liquidateur pour améliorer le sort" des salariés licenciés, dont 500.000 euros dans l'accompagnement social.
"Aujourd'hui, il est fondamental de mettre en avant un projet qui a une pérennité financière et de donner espoir aux équipes", a encore dit celui qui va investir fin janvier 7 millions d'euros "pour créer une nouvelle entreprise".
Il entend ainsi "garder et consolider en France le pôle développement", qui emploie environ 80 personnes (stylistes ou ingénieurs textiles) à Rillieux. Il s'agira de confier à "la petite équipe chargée des prototypes" la mission de lancer un "projet de lingerie de luxe", "Lejaby couture", destinée à une "clientèle internationale".
"Cette lingerie de luxe sera faite 100% à Lyon, du design à l'assemblage", assure celui qui veut donner à Lejaby une "reconnaissance importante".
"Il faudra que la collection soit exceptionnelle pour s'imposer sur le marché et ça prendra trois ou quatre ans", estime-t-il, se disant "optimiste".
Il compte par ailleurs faire produire à l'étranger les "séries qui constituaient le gros volume et le succès de Lejaby depuis des années" et relancer d'autres produits, avec une prévision de chiffres d'affaires de "20 à 22 millions d'euros" l'an prochain sur le marché français, européen ainsi qu'en Russie".