Avec cette proposition controversée, le candidat du Parti socialiste s'adresse aux consommateurs électeurs et soigne son aile gauche.
Il a dit ça comme ça. Au détour d'une allée des Biennales internationales du spectacle à Nantes, entre un commentaire sur Benoît Hamon, qu'il venait de recadrer, et une appréciation sur le sommet social de Nicolas Sarkozy. Candidat socialiste à l'élection présidentielle, François Hollande s'est prononcé en faveur d'un «blocage des prix de l'essence».
«Il faut avoir une discussion avec les distributeurs d'essence, il n'est pas possible d'avoir une montée du prix telle qu'elle est aujourd'hui. Il faut un blocage temporaire du prix de l'essence lorsqu'il y a une répercussion très rapide de la hausse et une absence de répercussion de la baisse», a-t-il souligné. «Aujourd'hui, à travers la hausse du prix de l'essence, l'État a des recettes qui augmentent: est-ce qu'il est acceptable (…) qu'au travers de la TVA, l'État gagne des recettes sur les consommateurs qui n'ont pas d'autres moyens que d'utiliser leur voiture pour aller au travail», a-t-il demandé avant de plaider pour la restauration de la TIPP flottante. Inventé sous Lionel Jospin, ce mécanisme est supposé réduire les taxes que perçoit l'État quand le pétrole monte, les augmenter lorsqu'il baisse et permettre au bout du compte de maintenir une stabilité du prix de l'essence (lire ci-dessous). Mais il est décrié, notamment par la majorité.
Même du côté des associations de consommateurs, on se montre circonspect sur la proposition de François Hollande. Pour Alain Bazot, président de l'UFC-Que choisir, un blocage des prix serait «un cautère sur une jambe de bois». Il explique: «Cette mesure ne s'attaque pas à la racine du mal, qui est le déficit concurrentiel en amont dans la filière des carburants. Les surprofits dégagés sont répercutés sur les prix à la pompe.»
En son temps, Ségolène Royal avait formulé une proposition identique, ce qu'elle n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler jeudi dans un communiqué. La présidente de Poitou-Charentes «avait été la première responsable politique à proposer le blocage temporaire des prix de l'essence (...). Toujours soucieuse d'apporter des réponses concrètes aux problèmes des Français, Ségolène Royal a réitéré, il y a deux jours, cette proposition».
Bien que complexe à mettre en œuvre, l'idée a le mérite d'être parlante. En la reprenant à son compte, François Hollande organise en tout cas le débat autour de lui. Un peu comme Nicolas Sarkozy le faisait durant la campagne de 2007 avec ses propositions iconoclastes. Après mai 2012, s'il est élu, François Hollande aura le temps d'en étudier la mise en œuvre. Pour l'heure, il veut parler aux Français.
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«Il faut avoir une discussion avec les distributeurs d'essence, il n'est pas possible d'avoir une montée du prix telle qu'elle est aujourd'hui. Il faut un blocage temporaire du prix de l'essence lorsqu'il y a une répercussion très rapide de la hausse et une absence de répercussion de la baisse», a-t-il souligné. «Aujourd'hui, à travers la hausse du prix de l'essence, l'État a des recettes qui augmentent: est-ce qu'il est acceptable (…) qu'au travers de la TVA, l'État gagne des recettes sur les consommateurs qui n'ont pas d'autres moyens que d'utiliser leur voiture pour aller au travail», a-t-il demandé avant de plaider pour la restauration de la TIPP flottante. Inventé sous Lionel Jospin, ce mécanisme est supposé réduire les taxes que perçoit l'État quand le pétrole monte, les augmenter lorsqu'il baisse et permettre au bout du compte de maintenir une stabilité du prix de l'essence (lire ci-dessous). Mais il est décrié, notamment par la majorité.
Une mesure qui ne fait pas l'unanimité
«Ce serait juridiquement totalement impossible», a assuré le ministre de l'Énergie, Éric Besson, sur RTL. «Pour que le consommateur ait une baisse de deux centimes de l'essence à la pompe, ça coûte un milliard au budget de l'État.» Côté MoDem, Jean Peyrelevade, du comité stratégique de campagne de François Bayrou, exprime lui aussi des doutes: «Cela ne résout en rien le problème structurel de l'énergie dans ce pays (…). Cela ne résout en rien le fait que nous devons réduire notre consommation de produits fossiles», pour des raisons notamment environnementales», a ajouté Jean Peyrelevade sur i-Télé, en pointant du doigt une «contradiction» chez les socialistes. «D'un côté, on est avec les Verts, on est contre l'émission de CO2, et de l'autre, on dit aux Français: on va vous laisser consommer de plus en plus ou pas moins d'essence».Même du côté des associations de consommateurs, on se montre circonspect sur la proposition de François Hollande. Pour Alain Bazot, président de l'UFC-Que choisir, un blocage des prix serait «un cautère sur une jambe de bois». Il explique: «Cette mesure ne s'attaque pas à la racine du mal, qui est le déficit concurrentiel en amont dans la filière des carburants. Les surprofits dégagés sont répercutés sur les prix à la pompe.»
Renouer avec l'aile gauche
Alors pourquoi François Hollande a-t-il relancé l'idée du blocage des prix? Outre l'écho que peut avoir une telle mesure auprès des consommateurs, également électeurs, qui voient les prix à la pompe augmenter sans cesse, le candidat socialiste veut aussi faire preuve de radicalité. Poussé par l'aile gauche du parti, titillé par Jean-Luc Mélenchon, il doit donner des gages à la gauche. Avec en tête le mode d'emploi d'une élection présidentielle délivré par François Mitterrand: «Au premier tour, on rassemble son camp. Au second, on élargit.» Le camp de François Hollande, c'est la gauche. Le blocage des prix de l'essence, c'est une mesure de gauche. CQFD.En son temps, Ségolène Royal avait formulé une proposition identique, ce qu'elle n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler jeudi dans un communiqué. La présidente de Poitou-Charentes «avait été la première responsable politique à proposer le blocage temporaire des prix de l'essence (...). Toujours soucieuse d'apporter des réponses concrètes aux problèmes des Français, Ségolène Royal a réitéré, il y a deux jours, cette proposition».
Bien que complexe à mettre en œuvre, l'idée a le mérite d'être parlante. En la reprenant à son compte, François Hollande organise en tout cas le débat autour de lui. Un peu comme Nicolas Sarkozy le faisait durant la campagne de 2007 avec ses propositions iconoclastes. Après mai 2012, s'il est élu, François Hollande aura le temps d'en étudier la mise en œuvre. Pour l'heure, il veut parler aux Français.
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