Libération a rencontré «Dodo la Saumure» et sa femme Béatrice dans sa maison close, à Tournai, à 20 km de Lille, de l'autre côté de la frontière belge.
Le patron de maisons closes en Belgique Dominique Alderweireld, alias «Dodo la Saumure», a été remis en liberté sans condition le 10 janvier, après trois mois de détention préventive en Belgique, où la justice l’accuse de «tenue de maisons de débauche». Il a également été entendu en tant que témoin en décembre par la police judiciaire de Lille, qui enquête sur une affaire de proxénétisme dans plusieurs hôtels de luxe de la métropole du Nord.
Dominique Alderweireld, soupçonné d’avoir fourni des «filles» à ce réseau – ce qu’il dément –, n’a pas été mis en examen dans ce dossier où sont cités les noms de patrons d’hôtel, d’hommes d’affaires et de policiers du Nord, mais aussi celui de l’ancien directeur du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn.
L’enquête, qui aurait sans doute éclaboussé la campagne si DSK avait été investi par le Parti socialiste français, dessine le portrait d’un patron du FMI menant une vie cloisonnée, entre responsabilités politiques et parties fines en compagnie de prostituées.
«Dodo la Saumure» s'est exprimé ce vendredi sur l’affaire de prostitution du Carlton de Lille. Ce Français de 62 ans estime que sa mise en cause dans cette affaire visait à nuire à Dominique Strauss-Kahn avant l’élection présidentielle en France : «Celui qui est visé ce n’est pas tellement moi, c’est plutôt DSK. Il est vrai que cela arrange bien les magistrats que DSK puisse connaître Dodo la Saumure alors que ce n’est pas du tout le cas», a déclaré Dominique Alderweireld.
«Complot, ce n’est peut-être pas le terme mais disons que cela arrange bien des gens. Il est certain que DSK ne tient pas ses affaires. Il part favori aux primaires socialistes, il a beaucoup de chances de se faire élire président de la république. Alors à qui profite le crime?», s’interroge Dominique Alderweireld, qui a repris la gestion de ses «bars à filles» en Belgique, malgré un procès qui l’attend à Tournai le 1er mars.
«Dodo» réaffirme n’avoir jamais rencontré DSK. «Mais j’aurais bien aimé le connaître. Parce que c’est quand même un personnage intéressant, c’est un homme politique connu», explique celui qui affirme avoir pris goût au pouvoir en étant «conseiller du président de la Côte-d’Ivoire» il y a 25 ans.
Pour Dominique Alderweireld, qui dit également connaître «presque tout le monde à Lille», dont de nombreux policiers, «ce qui se passait là, des affaires comme celle du Carlton, il y en a une par jour dans toutes les grandes villes» de France.
S’il redit n’avoir «jamais fourni de filles» à DSK ou à ses amis du Nord, il reconnaît toutefois que David Roquet, ancien directeur d’une filiale du groupe de BTP Eiffage, mis en examen en France pour proxénétisme, «est venu chercher deux filles, dont (son) amie (Béatrice Legrain) pour aller déjeuner avec DSK» à Paris. «Mais les filles sont absolument libres. Si elles sortent d’ici 18 heures, elles peuvent faire un client à 18h30, ce n’est pas mon problème», assure «Dodo».