Parce que son entretien de huit pages avec Anne Sinclair était si indispensable, le magazine Elle aavancé la date de sa sortie de 24 heures. En une, sur un encart rose, « Exclusif » est écrit en jaune et deux phrases ont été choisies : « Elle parle pour la première fois » et une citation de l'interviewée :
« Je ne suis ni une sainte ni une victime, je suis une femme libre. »
C'est Anne Sinclair et la conseillère en communication de Euro RSCG, Anne Hommel, proche du couple Strauss-Kahn, qui ont choisi l'hebdo féminin pour une première et sans doute unique exposition médiatique avant le lancement lundi du Huffington Post version française.
La directrice de la rédaction Valérie Toranian a tenté, en vain, d'obtenir la couverture, comme elle l'avait fait avec Cécilia Sarkozy. Sinclair a préféré la stratégie de l'exposition modeste.
En 2007, pour la couverture Cécilia Sarkozy, « Le divorce » (treize pages), la sortie avait été avancée de 48 heures, et le numéro contenait son lot de confessions intimes. Là, il faut attendre six pages d'entretien pour que la désormais directrice éditoriale du Huffington Post version française évoque l'affaire DSK.
« Le grand jour » n'est pas arrivé
La journaliste, Anne-Cécile Sarfati – épouse de Hervé Gattegno (Le Point), journaliste « de confiance » du couple Strauss-Kahn –, qui interroge Anne Sinclair met le lecteur en haleine :
« Nous allons maintenant aborder l'affaire qui a bouleversé votre vie il y a huit mois. Dans le dernier livre de Michel Taubmann, le biographe de votre mari, à la question : “Que pensez-vous des frasques passées de votre mari ? ” vous avez répondu :“C'est notre problème. Je m'en expliquerai le jour de mon choix. Je dirai ce que j'ai vécu et j'expliquerai aussi ma conception du couple.” »
Ça y est, « Le grand jour » est arrivé ? Non.
« Ce n'est pas aujourd'hui que j'y répondrai. »
« Personne ne sait ce qui se passe dans l'intimité des couples », et « personne n'a besoin d'en savoir plus ».
Une longue citation de Régis Debray
Pour cet exercice de com », elle avait tout prévu, dont une longue citation deRégis Debray tirée de son livre « Eloge des frontières » :
« L'indécence de l'époque ne provient pas d'un excès mais d'un déficit de frontières. Il n'y a plus de limites à parce qu'il n'y a plus de limites entre. Entre les affaires publiques et les intérêts privés.Entre l'être et son paraître. Entre le vestiaire et la pelouse. Entre la chambre et le bureau du chef de l'Etat. Le principe de laïcité portait un nom : la séparation. La loi au forum ; le privé à la maison. »
L'entretien se termine par sa réponse à la question « Etes-vous toujours amoureuse ? » :
« Ça-ne-vous-re-gar-de-pas ! [c'est écrit comme ça dans Elle, ndlr] »
La classe politique pas assez renouvelée
Du reste de l'interview, on retiendra que :
- Anne Sinclair trouve la presse française bien moins brillante que la presse américaine : « L'espace du débat y est trop étroit » et « la presse française est plus paresseuse, moins pointue, moins précise » ;
- elle juge la classe politique pas assez renouvelée. « Les candidats actuels, je les ai tous déjà interviewés pendant treize ans. »