Les rumeurs d'abandon, les inquiétudes et les sondages plus mauvais que jamais n'ont semble-t-il pas entamé la détermination de la candidate d'Europe Ecologie - Les Verts. Jeudi, elle devait déposer au Conseil constitutionnel les parrainages nécessaires pour être candidate.
'il est une qualité qu'il est difficile de nier à Eva Joly, c'est la ténacité. L'ancienne juge d'instruction n'est pas du genre à abandonner. Pourtant, les commentateurs parient sur un abandon. Sa candidature, trop faible, mettrait en danger l'accord conclu avec le Parti socialiste. Certains de ses soutiens, tel Noël Mamère, s'interrogent désormais en public sur l'intérêt d'aller au bout. «Quel est vraiment l’intérêt que nous avons d’être présents à l’élection présidentielle si d’une part nous restons encalaminé dans ces sondages qui ne sont pas bons, il faut le reconnaître et le dire, et si d’autre en restant dans la compétition, nous devions contribuer à affaiblir le candidat du PS dont on veut qu’il soit demain le candidat de la gauche et des écologistes?», s'est ainsi interrogé mardi sur Vivre FM celui qui fut le seul écologiste à dépasser 5% lors d'une élection présidentielle. Pourtant, un communiqué de son équipe de campagne est rapidement venu confirmer la détermination de la candidate écologiste: «Le 22 avril, il y aura un bulletin "Eva Joly" pour faire le choix d'un candidat utile et d'un vrai changement de politique», écrivent Sergio Coronado, José Bové, Dominique Voynet et Michèle Rivasi, ses porte-parole.
Preuve supplémentaire, l'ancienne magistrate devait se rendre jeudi en fin d'après-midi au Conseil constitutionnel pour y déposer les 500 parrainages nécessaire pour candidater à l'élection présidentielle. Ce qui n'est pour Eva Joly qu'une formalité -Europe Ecologie - Les Verts n'a jamais eu à craindre de ne pas pouvoir réunir les signatures- devient ainsi un symbole de sa volonté d'aller jusqu'au bout. Pourtant, les mauvaises nouvelles s'accumulent. Un sondage CSA pour BFMTV, RMC et «20 Minutes» la place à 1% d'intentions de vote. Dans l'enquête en continu Ifop/Fiducial pour Paris Match, Eva Joly est tombée à 2%, son plus bas niveau depuis le 12 janvier.
«LES BOURDES, TOUTLE MONDE EN FAIT»
«Je ne vais pas vous dire que la campagne est facile», concède à ParisMatch.com Pascal Canfin, eurodéputé et conseiller économique et social au sein de la campagne. Prêts à assumer leurs erreurs, les écolos n'en sont pas moins amers envers les médias, notamment. Il y a eu, d'abord, un conflit avec France 2 à propos d'un passage à l'émission «Des paroles et des actes», qui ne viendra finalement pas pour Eva Joly. Et puis les éditorialistes, accusés d'avoir été plus sévères avec Eva Joly qu'avec les autres candidats. «Quand Mélenchon a traité Hollande de 'capitaine de pédalo', vous n'avez pas eu pendant trois jours des éditorialistes l'accusant d'avoir commis une faute politique, comme lorsque Eva a hésité à dire qu'elle voterait pour François Hollande au second tour», juge Pascal Canfin. «Les bourdes, tout le monde en fait!»
Le «double traitement» dénoncé par les écologistes prendra-t-il fin la semaine prochaine? A partir du 20 mars, l'égalité des temps de parole donnera à Eva Joly une visibilité supplémentaire, qui pourrait lui permettre de rebondir. Autre signe positif, Jean-Luc Mélenchon, dont les équipes se targuent d'avoir donné le tempo de la campagne en poussant les favoris à se positionner sur la fiscalité des plus favorisés ou sur l'Europe, soigne son image verte. Mercredi à Clermont-Ferrand, le candidat du Front de gauche a martelé sa proposition d'instaurer une «règle verte» dans la Constitution, ainsi que le rapportent nos confrères du JDD.fr. Bien loin d'inquiéter Pascal Canfin, le hold-up de Jean-Luc Mélenchon le rassurerait presque: «On ne peut pas imaginer que la campagne présidentielle se joue sans mentionner un enjeu majeur des prochaines années. Nous, on a toujours fait nos meilleurs résultats lorsque les autres parlaient aussi d'écologie.» L'eurodéputé, qui a travaillé au projet économique d'Eva Joly, reste convaincu que le programme de la candidate, détaillé et chiffré, reste son meilleur atout: «Nous voulons tracer un chemin de transformation. Nous sommes pas dans une radicalité de papier ou de tribune. C'est ça notre identité.» Il reste à Eva Joly un mois et une semaine pour en convaincre les Français.