Revoir Paris...
Pour Bernard Laporte comme pour Mathieu Bastareaud, nouvelles figures du rugby toulonnais, le choc samedi, au Stade de France, face au Stade Français, marquera le retour dans un contexte parisien forcément familier. Mais si Paris reste à jamais cher au coeur de l'ancien sélectionneur du XV de France, Bastareaud cache mal une certaine indifférence vis-à-vis d'un club, dont il a préféré claquer la porte.Laporte, l'amour fou
"Nous nous sommes tant aimés !" Bernard Laporte et le Stade Français sont à jamais indissociables. Avec Max Guazzini, "Bernie" aura formé un duo gagnant, capable de porter le club de la capitale en quatre ans (1995-1999) de la troisième division au titre de champion de France ! "Il y aura toujours de l'émotion quand je jouerai contre le Stade Français. C'est un club qu'avec Max Guazzini, on a pris en troisième division, qu'on a amené en première division, on a été champions de France la première année, on a installé ce club dans l'élite du rugby français. Chaque fois que je les vois rentrer sur le terrain, j'ai l'impression qu'il y a un peu de moi et qu'il y a surtout beaucoup de lui surtout. 80 % des joueurs, c'est quand même moi qui les ai recrutés. Il y aura de l'émotion, mais il y en aurait encore plus si Max Guazzini avait été là. C'est normal, un club, on s'identifie aussi à des hommes. Et pour moi, l'aventure du Stade Français, elle est adossée à Max Guazzini, ça ne peut pas être autrement. Il y en aura certainement moins parce que Max n'est plus là -j'espère qu'il sera au match...- mais il y en aura toujours un peu. Même dans dix ans ou dans vingt ans, quand je verrai jouer le Stade Français, il y aura toujours un peu d'émotion."
Même si aujourd'hui, et après son retour raté dans la capitale, Laporte a embrassé la bouillante ferveur toulonnaise. "Ici, moi, je suis bien, je suis heureux, il y a de la passion, il y a un bon groupe, il y a des bons mecs, c'est un bon club, il fait beau. Et je ne suis pas surpris par ces conditions. Moi, je suis ravi d'être là. Le Stade Français, c'était une époque de ma vie, ça restera toujours un moment très fort au fond de moi, mais on est passé à autre chose. C'est la vie, ça. Maintenant, on est passé à Toulon, on essaie d'être le meilleur possible, d'aller le plus loin dans chaque compétition. De progresser, de bien recruter, on pousse tous dans le même sens et c'est ce qui est bien."
Bastareaud, l'amour déçu
Paris aura beau rester le club de ses débuts professionnels, Mathieu Bastareaud gardera à jamais le goût d'inachevé de son passage dans la capitale. Quatre saisons (2007-2011) tout en contraste, des débuts prometteurs en équipe première du phénomène à l'âge de 19 ans à sa reconnaissance internationale en équipe de France pour le meilleur, jusqu'au pire avec ses déboires en bleu et "l'affaire de la table de nuit" à Wellington, suivie d'une descente aux enfers personnelle, tandis que le Stade Français rentrait dans le rang...
Huit mois après avoir tourné le dos à Paris pour mieux tenter de se reconstruire à Toulon, "Basta", à l'heure des retrouvailles avec la capitale, est loin d'afficher le même enthousiasme que son entraîneur: "C'est un match de rugby, il faut le gagner", lâche sans passion le trois-quarts centre, qui avoue avoir gardé tout au plus "quelques amis. L'effectif a été changé à 80 %, la plupart des mecs qui joueront, je ne les connais pas trop. Pour moi, c'est nouveau club. Ils ont amorcé un nouveau départ cet été. Bien sûr, ça va faire plaisir de revenir jouer à Paris parce qu'il y aura ma famille dans les tribunes, mais ça s'arrête là." Pour le reste, "Je suis assez détaché de tout ça..." La page est bien tournée.