TRAVAIL - La demande psychologique s'est intensifiée...
Depuis 1994, les salariés du privé ont subi une intensification du travail, mais dans le même temps, ont vu leur exposition aux contraintes physiques diminuer, indique une étude de la Dares (ministère du Travail) publiée vendredi.
Selon cette enquête couvrant la période 1994-2010, «les expositions aux risques professionnels des salariés du privé ont évolué de manière contrastée» depuis deux décennies car «globalement l'intensité du travail a augmenté alors que les contraintes physiques ont reculé».
Toutes les CSP sont touchées
«L'intensité du travail est l'une des principales dimensions des facteurs psychosociaux de risque au travail», souligne la Dares, expliquant que la mesure de ces risques repose sur différentes variables, comme les contraintes de rythme, l'exposition à des objectifs irréalistes ou flous, des instructions contradictoires ou encore des interruptions répétées d'activité.
L'étude montre notamment que la part des salariés dont le rythme de travail est déterminé par au moins trois contraintes (délais restreints à respecter, contrôle permanent de la hiérarchie, contrôle informatisé ou encore exposition à la cadence d'une machine) a nettement augmenté entre 1994 et 2003, puis de manière plus limitée entre 2003 et 2010. Le nombre de salariés dans cette situation est ainsi passé de 28% en 1994 à 34% en 2003 et 36% en 2010.
Au total, soulignent les auteurs de l'étude, «la 'demande psychologique' définie comme la charge mentale qu'engendre l'accomplissement des tâches» tend à «augmenter entre 2003 et 2010 pour toutes les catégories professionnelles».
Augmentation de la situation de tension au travail
«Cette situation qui s'accompagne d'une baisse de la latitude décisionnelle des salariés engendre "un net accroissement de la proportion de salariés en situation de 'job strain'», c'est à dire de «tension au travail».
Dans le même temps, l'étude révèle que la proportion de salariés indiquant subir au moins une contrainte physique intense (par exemple, une position debout ou une manutention manuelle de charges 20 heures ou plus par semaine) a diminué, leur taux passant de 45,7% en 1994 à 40,4% en 2003 et 39,8% en 2010.
Ces résultats sont issus du dernier volet de l'enquête SUMER (Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels), réalisée en 2009-2010 par 2.400 médecins du travail auprès de 48.000 salariés représentatifs du privé et du public. Les données rendues publiques vendredi portent exclusivement sur les salariés du privé couverts par trois éditions de l'enquête SUMER (1994, 2003 et 2010).
© 2012 AFP