Jean-Luc Mélenchon qui grimpe dans les sondages susciterait-il des convoitises? Au front de gauche on estime que François Hollande comme Nicolas Sarkozy ne sont que depâles imitateurs.
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Alors que le candidat Front de Gauche monte dans les sondages, son parti veut croire que ses idées progressent. Comment ce challenger se positionne-t-il face aux poids-lourds de l'UMP et du PS?
En l'espace de quelques semaines, marquées par sa progression dans les intentions de vote, Jean-Luc Mélenchon est devenu le caillou dans la chaussure de François Hollande, lui-même en baisse. Ajoutez à cela les clins d'oeil de Nicolas Sarkozy, piquant au Front de gauche sa proposition de taxer les exilés fiscaux et vous avez les ingrédients pour faire de Mélenchon l'un des trublions de cette campagne.
Les hommages de Sarkozy
"Je triomphe", s'est exclamé le candidat du Front de gauche après l'annonce de l"emprunt" sarkozyste. Même chose pour la "désobéissance européenne" dont a fait montre le président sortant.
Pour Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de Gauche, "c'est de bonne guerre". Pas inquiet devant ces "hommages", il estime qu'au fond, cela légitime plutôt le Front de gauche. "Les Français ne sont pas dupes, personne ne peut croire que c'est lui qui peut être le chantre de cette méthode, les gens le prennent pour Pinocchio", juge-t-il. "Nicolas singe notre taxation des exilés fiscaux, c'est un manoeuvrier. Il voit bien que nos idées sont populaires car elles sont justes."
Hollande aussi
Au Front de gauche, on estime aussi avoir inspiré le candidat socialiste, notamment pour son idée de taxe à 75% au dessus d'un million d'euros de revenus. "Hollande doit quitter cette attitude où tout est conquis. Il faut prendre les coeurs et les têtes et c'est ce que fait Jean-Luc Mélenchon qui est un bon pédagogue de la pensée de gauche", estime Alexis Corbière.
Dans l'émission Des paroles et Des Actes jeudi soir, François Hollande a toutefois rappelé son attachement indéfectible à son projet. "Je ne contraindrai personne, je ne négocierai pas avec quiconque, je ne ferai pas d'ouverture à ceux qui n'ont pas voté pour moi", a ainsi lancé le député de Corrèze, interrogé sur les perspectives de ralliement de Mélenchon au second tour.
Pas d'attaque
Pour l'heure, l'ancien patron du PS évite d'attaquer son ancien camarade en dépit du danger que celui-ci représente avec ses 11% d'intention de vote. Sur France 2, il a concédé que celui-ci "[représentait] une sensibilité dans le pays" et qu'il "[faisait] une bonne campagne." Avant d'assurer que Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche appelleraient à voter pour sa candidature au second tour.
Pour Olivier Dussopt, député PS de l'Ardèche, les amertumes du Front de gauche n'ont pas lieu d'être. "On est dans une campagne de premier tour, chacun dans son couloir." Quant au refus de débattre de François Hollande, il est tout à fait normal selon lui "Jean-Luc Mélenchon n'est pas un problème pour [lui], le débat c'est la campagne et il n'a aucune raison de singulariser un candidat parmi la dizaine avant le premier tour." Et après? "Le rassemblement se fera autour de celui qui est en tête au premier tour.
Maintenant qu'il a passé la barre des 10% dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon se sent capable de tout et se pose en rassembleur de la gauche. Mais le député de l'Ardèche se veut mordant "ce n'est pas le scénario le plus probable." Conforté par les ralliements de plusieurs membres d'EELV, Alexis Corbière veut se convaincre du contraire: "On vadépasser François Bayrou et rattraper Marine Le Pen."