L'épave du «Costa Concordia» devant l'île du Giglio en Italie, le 23 janvier (Photo Filippo Monteforte. AFP)
Une nouvelle brèche a été faite lundi avec des charges explosives dans l'épave du Concordia pour rejoindre le pont où se trouvaient les restaurants dans l'espoir de trouver des corps de disparus. Deux nouveaux corps ont été retrouvés par les plongeurs. Il s'agit de deux corps de femmes, qui se trouvaient sur le pont numéro 4.
Les scaphandriers de la marine de guerre italienne ont ouvert une grande brèche entre le pont 4 et le pont 5, proche de la zone des restaurants et de l'accès aux chaloupes, ont constaté les journalistes sur place.
Les recherches dans l'épave, effectuées dans des conditions très difficiles et une odeur pestilentielle selon les plongeurs, progressent lentement à cause de la taille gigantesque du navire, long comme trois stades de football et haut comme un immeuble de 20 étages.
Le commissaire du gouvernement chargé de la catastrophe du Concordia, Franco Gabrielli, a annoncé lundi avoir donné le feu vert pour le démarrage du pompage des 2 380 tonnes de mazout que contiennent les réservoirs du bateau, opération «parfaitement compatible» avec la poursuite des recherches des disparus.
La légèreté du commandant de bord
Selon les sauveteurs, les chances de trouver des rescapés sont réduites au minimum, dix jours après la catastrophe. Un navire océanographique doté de caméras à haute résolution doit arriver pour explorer le fond marin à la recherche de corps éventuellement bloqués sous ce navire de 114 500 tonnes.
Le bilan provisoire s'établit à 15 morts. Dimanche après-midi, le corps d'une femme a été trouvé dans la partie submergée, après le repêchage de la dépouille d'une autre samedi. Du navire ont commencé à se déverser en mer divers produits, huiles de vidange, détergents, solvants, câbles électriques et objets en plastique.
L'enquête se concentre toujours sur le commandant de bord, Francesco Schettino, et son attitude durant le drame. Peu avant d'être arrêté après le naufrage, il aurait rencontré, dans son hôtel, une «élégante femme blonde» à qui il aurait remis son ordinateur personnel. Selon les médias italiens, ce serait une avocate liée à la société propriétaire, Costa Crociere, mais la compagnie a démenti «catégoriquement» s'être fait remettre «quoi que ce soit par Schettino» après le naufrage.
Par ailleurs la légèreté du capitaine au moment de l'accident continuait à susciter des interrogations. Quand le bateau géant est allé heurter un récif, provoquant le naufrage, il se trouvait sur la passerelle avec plusieurs personnes qui n'auraient pas dû y être, selon la presse, comme le maître d'hôtel Antonello Tievoli, à qui il voulait montrer l'île dont il est originaire.
Le petit groupe aurait échangé des plaisanteries, l'empêchant de se concentrer, alors que le navire allait trop vite (15 nœuds). Par la suite, alors que la gravité de l'accident était claire, Schettino serait allé brièvement dans sa cabine.
Des clandestins à bord ?
Les médias insistaient aussi sur le fait que l'inchino, le salut du bateau à la côte, aurait été prévu et autorisé par Costa Crociere avant le départ du bateau de Civitavecchia, ce que la compagnie nie depuis le début.
Autre mystère, le commissaire du gouvernement pour la catastrophe, Franco Gabrielli, a dit craindre que la liste des disparus ne s'allonge, citant le cas d'une Hongroise, réclamée par sa famille, qui se trouvait à bord, invitée selon elle par un membre d'équipage, mais qui n'aurait pas été enregistrée.
Pour Franco Gabrielli, «il pourrait y avoir en théorie un nombre X de personnes qui se seraient trouvées sur le navire et ne seraient pas réclamées parce qu'elles étaient clandestines». Mais selon Manrico Giampedroni, qui était chargé de la sécurité sur le Concordia, c'est complètement «impossible» car «Costa est une société sérieuse».
Effectuant une croisière en Méditerranée, le Concordia a heurté violemment un rocher deux heures et demi seulement après son départ, vendredi dernier à l'heure du dîner, pour une bonne partie des 3 200 passagers et du millier de membres d'équipage.
Sur les 13 corps retrouvés, 8 seulement ont été identifiés (4 Français, un Italien, un Espagnol, un Allemand, un Hongrois) alors que manquent encore à l'appel une vingtaine de personnes, dont des Allemands, un jeune couple français, deux retraités américains et une fillette italienne.
(AFP)