Le nouveau chef de la diplomatie marocaine, Saâd Dine El Othmani, promet de consolider la politique africaine du royaume. L’objectif est clair : isoler davantage la « RASD » sur le continent et pousser l’Union africaine à la rejeter. Le ministre des Affaires étrangères annonce que des discussions sont en cours avec les pays amis du Maroc. Il s’exprimait en marge de l’inauguration (jeudi 19 janvier) du tout nouveau siège de l’Agence marocaine de Coopération internationale (AMCI), véritable outil de la politique africaine du Maroc.
El Otmani, en visite à la Cité Universitaire Internationale de Rabat. Jeudi 19 janvier. Ph: Yabiladi.com
Yabiladi.com : Que représente pour le Maroc, l’inauguration de ce nouveau siège de l’AMCI ?
El Othmani : L’Agence marocaine de coopération internationale existe depuis plus de 25 ans. Elle accomplit un travail formidable en soutenant la formation des étudiants étrangers au Maroc, essentiellement d’origine subsaharienne. C’est un outil de coopération et nous voulons davantage consolider la politique africaine du Maroc, donner plus d’appui à nos frères africains. L’AMCI est un outil de coopération mais aussi de fraternité dont l’action sera renforcée.
Aujourd’hui, le Maroc n’est pas membre de l’Union africaine mais n’est pas du tout absent de la scène africaine. Un retour du royaume dans l’instance continentale est-il prévu ?
C’est prévu. Mais nous allons continuer notre travail sur le terrain, le temps que ce retour soit effectif. Le Maroc est en effet présent en Afrique par sa diplomatie, sa coopération, ses actions sur le terrain, aussi bien sur les plans économique, social, que culturel. Nous sommes un pays africain, nous adoptons une politique africaine bien que nous ne soyons pas membres de l’Union africaine.
Qu’est-ce que le Maroc attend des pays africains pour redevenir membre de l’organisation panafricaine ?
Nous discutons de cette question avec nos pays amis et frères africains. Je crois que nous allons prochainement avoir des nouvelles sur ce dossier.
Cette réintégration figure-t-elle dans votre agenda ?
Bien sûr que oui. Toutefois cela ne dépend pas de nous uniquement.
Mais concrètement, quel est le principal obstacle au retour du Maroc ?
C’est clair, nous ne pouvons pas adhérer à une organisation dans laquelle siègent les séparatistes [la « République arabe sahraouie démocratique », ndlr]. Il en est hors de question !
Pour la petite histoire
Le Maroc s’est retiré de l’organisation panafricaine depuis 28 ans. A l’époque, elle s’appelait encore OUA (Organisation pour l’Unité panafricaine, créée en 1963), avant de devenir UA (Union africaine) en 2002. C’est l’admission de la « RASD » au sein de l’OUA qui avait poussé le Maroc à se retirer de l’instance continentale 1984.
Deux ans plus tard, le royaume lance une véritable offensive de reconquête de ses alliés du continent en créant l’Agence marocaine de coopération internationale. Celle-ci s’active notamment dans la « formation des cadres » subsahariens, en octroyant, chaque année, des milliers de bourses universitaires aux bacheliers des pays du continent. Actuellement, plus de 9000 étudiants étrangers, dont 7000 boursiers, principalement subsahariens, poursuivent leurs études dans les établissements publics marocains. L’AMCI réalise également des projets de développement dans plusieurs pays subsahariens, au nom de la coopération Sud-Sud.
Une stratégie qui porte ses fruits. Le royaume maintient non seulement sa présence sur la scène africaine, mais est parvenu à rallier à sa cause la majorité des pays africains. Bien que la RASD continue de siéger à l’UA, seule une dizaine de pays membres de cette instance lui accordent encore une reconnaissance internationale. L’Algérie et l’Afrique du Sud sont à la tête de cette grande minorité.